Travailler avec des hommes sur des problématiques de santé mentale est un univers à part entière.
Les hommes noirs comme on les appelle sont issus de différentes communautés. Une diversité culturelle et socio-économique qui peut également peser de son poids sur le comportement face à la détresse et la recherche de solutions.
Bien que peu prennent l’initiative de consulter ou d’accepter de l’aide, il n’en demeure pas moins que ceux qui le font portent de profondes souffrances longtemps inexprimées et enfouies.
Quand un homme se sent suffisamment en confiance pour se dévoiler et ouvrir la blessure qu’il cache jalousement, la personne qu’on découvre en dessous est simplement un être blessé qui a besoin d’amour, de respect et de compréhension.
Un être qui peut nous toucher à bien des égards par ses batailles intérieures devenues épuisantes.
Un être incompris, mal compris.
Ces hommes en souffrance et qui ont besoin d’aide. Il y’en a beaucoup. La colère, la frustration et le repli sur soi étant devenus des mécanismes de défense pour se « protéger » de ce qu’ils imaginent être un danger ou une menace pour leur équilibre psychologique.
Ils se mettent à boire, à fumer, ou à manger excessivement.
Ils se jettent à corps perdu dans le travail, le sport, la réussite sociale…pour panser un ego blessé.
Les hommes en thérapie… tout un océan de découverte, de rencontre et de démystification.
Les comprendre, c’est mieux les connaître afin de mieux les soutenir.
Allons à la découverte de ces hommes qui acceptent de consulter
On parle tellement de la souffrance des femmes et des enfants dans les relations familiales/conjugales défaillantes, qu’on en arrive presque à oublier la leur.
Il ne s’agit pas pour moi de comparer le niveau de souffrance (Ce qui serait sans objet), mais plutôt de porter le regard sur un aspect très souvent oublié.
Certes, il existe des hommes maltraitants et incapables d’aimer et de respecter leurs conjointes, mais d’un autre côté, il existe aussi des hommes biens, parfois malmenés par des femmes sans scrupules, ou encore frappés par des circonstances malheureuses de la vie dont ils se remettent difficilement.
De mon constat, les hommes expriment différemment leur détresse et font rarement appel à l’aide.
Que ce soit par égo, par éducation ou tout simplement par adhésion à une norme culturelle de comportement.
Pendant l’enfance, nous pouvons déjà observer une différence dans l’enculturation des petites filles et des petits garçons. Par exemple, les parents réagissent différemment face aux larmes d’une petite fille par rapport à ceux d’un petit garçon:
- « Arrête de pleurer tu n’es pas une fille »
- « Un homme ne pleure pas »
- « Tu es trop faible, toujours à pleurer comme une fille «
- « Un homme doit être fort, essuies vite tes larmes »
….Un peu comme si un homme n’avait pas le droit d’exprimer ses émotions.
On comprend donc que très vite, les hommes vont apprendre à contenir leurs émotions « négatives » et à masquer leurs déceptions et leurs souffrances. Par souci de conformité sociale et aussi plus tard, par virilité.
Souffrent- ils donc moins pour autant ?
Quelques situations pouvant générer de la détresse et de al souffrance émotionnelle chez un homme (même s’il ne le montre pas et n’en parle pas)
- Les abus dans la relation : violence émotionnelle, exploitation sentimentale ou financière
- Les trahisons: lui octroyer volontairement la paternité d’un enfant qui n’est pas le sien sans qu’il ne le sache. Beaucoup l’apprennent des années plus tard ou au détour d’une situation imprévue
- Le mépriser et l’insulter constamment (communication violente): « Tu ne vaux rien », « prends exemple sur X », » tu n’arriveras jamais à rien », « Tu es un imbécile et un con »,…
- Lui refuser tout soutien émotionnel quand il traverse des situations difficiles et le menacer d’abandon s’il ne règle pas vite la situation
- Ne jamais s’intéresser à ce qu’il ressent, mais uniquement chercher à préserver ses propres intérêts quand il se trouve dans des problèmes
- Le rejeter physiquement et émotionnellement
- Le contredire constamment en ce qui concerne l’éducation des enfants : rejeter ce qui vient de lui et vouloir imposer sa seule volonté. Parfois même saper son autorité auprès des enfants
- Rompre la relation du jour au lendemain pour quelqu’un d’autre
- Demander le divorce (pour ceux qui sont mariés)
- Perdre une personne qu’ils aiment (parents, frères et soeurs, femme, enfants, amis). Le deuil est parfois difficile vu qu’ils n’extériorisent pas facilement leurs émotions.
Tu es un homme, maîtrise-toi !
Dans beaucoup de cultures, on attend de l’homme qu’il soit réservé, discret et impassible face à des événements douloureux. Quoi qu’il arrive, il doit garder la maîtrise de soi et ne pas se laisser submerger par les émotions.
Comment donc être surpris quand devenus adultes, ils ne disent mot, se renferment sur eux ou deviennent ultrasensibles et colériques ?
👉Un homme blessé dans son amour propre ne va pas se mettre à pleurer et à appeler tous ses potes pour leur raconter ce qui lui est arrivé.
👉Un homme blessé dans son orgueil va probablement se mettre en colère. Il deviendra irritable et extrêmement vulnérable.
👉Les statistiques sur les troubles de santé mentale démontrent que les hommes se suicident plus que les femmes, tandis que les femmes sont plus diagnostiquées de dépression que les hommes.
Pourquoi ?
Les hommes consultent moins, et donc leur dépression est moins diagnostiquée et traitée.
Ceux qui consultent sont évalués par des critères classiques de la dépression. Critères qui correspondent davantage aux symptômes qu’on retrouve chez les femmes que chez les hommes. Résultat des courses : on passe souvent à côté du bon diagnostic.
La plupart des études sont basées sur un échantillon majoritairement féminin(Ceux qui consultent).
Quelle leçon en tirer?
Les hommes souffrent tout autant que les femmes. Mais seulement ils ne l’expérimentent pas de la même façon.
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Hum très intéressant