Les femmes africaines, sont souvent confrontées à des situations dans leurs sociétés.
Les attentes de la société ou de la communauté envers les individus notamment envers les femmes africaines qui la composent sont fortement liées au contexte culturel dans lequel ces derniers évoluent. L’Homme est le produit de son environnement.
Dans les cultures dites “individualistes”, l’accent est mis sur l’individu en tant qu’unité totalement indépendante du groupe. Les gens sont perçus et valorisés en fonction de leurs réalisations. Chacun est maître de son destin.
Par contre, dans les cultures dites “communautaires”, l’individu est perçu comme membre d’un groupe social qui a préséance sur lui. L’identité individuelle est fondée sur l’appartenance à ce groupe.
Pour ceux qui ont vécu en Afrique, il est courant de se présenter par son nom de famille, car c’est ce nom qui informe l’ interlocuteur de notre groupe d’appartenance. Tu es de “telle famille”., de “telle région”, etc . En d’autres termes, te demander comment tu t’appelles revient à te demander de quelle famille tu es, d’où tu viens? qui sont tes parents?
En Europe par contre, il est normal de se présenter avec son prénom, car l’individu existe en dehors de son groupe d’appartenance.
Une femme qui a réussi, c’est quoi?
Quand on est issu d’une culture “communautaire”, la pression de la famille est plus ou moins importante et peut , pour certaines personnes influencer leurs choix. Si nous prenons l’exemple du mariage, la société a des attentes différentes envers les hommes et les femmes. Toutes petites déjà, les filles sont éduquées pour devenir des épouses et des mères.
Selon la conception traditionnelle, une femme qui a réussi dans la vie est celle là qui a pu se marier et avoir des enfants. Le célibat de la femme est mal perçu car il serait synonyme de dévergondage ou d’échec surtout quand il s’agit des femmes africaines. La femme célibataire est considérée comme celle qui n’a pas réussi à s’élever socialement et à mériter le respect.
Ah oui! car au pays, une femme “mariée” reçoit souvent plus de considération que sa sœur qui est encore célibataire; même si celle-ci est son aînée. La société apprend aux filles à se définir par rapport au mariage et à la maternité si elles veulent être considérées comme de vraie femmes africaines. Au sein de certaines familles, on assiste parfois à des guéguerres entre femmes mariées et femmes célibataires. Les moqueries, railleries et insultes fusent à la moindre occasion. Normal on leur a fait croire qu’une femme mariée était plus valable que les autres.
Dans le même ordre d’idées, il y a des femmes africaines qui dès qu’elles se marient , prennent leurs distances ou coupent les ponts avec leurs amies ou sœurs/cousines célibataires. Vous ne faites plus partie de la même classe…désolée pour vous 🙂
Pourquoi est-ce parfois difficile de vivre son célibat?
Tout le monde vous regarde avec pitié ou condescendance. Et parfois, en désespoir de cause, il y a des femmes africaines qui choisissent de faire leurs enfants et de tirer un trait sur le mariage. A défaut d’avoir un statut social d’épouse, elles auront au moins celui de mère, et la considération qui va avec.
D’autres par contre, se jettent dans la course au mariage et acceptent n’importe qui pour vivre n’importe quoi. Peu importe le prix à payer, elles sont prêtes à tout pour devenir “femme de”. Elles se mettent en couple ou se marient pour les autres, pour être enfin acceptées et reconnues.
La société n’a pas appris aux femmes à s’épanouir autrement
D’où le stress, la perte de repères et le sentiment d’échec. Même si elle réussit professionnellement, cette réussite sera perçue comme secondaire, tant qu’elle est seule. La famille au pays continuera à mettre la pression et à lui faire des remarques à ce sujet.
Une autre difficulté réside dans le désir de maternité. Le mariage donne un partenaire pour procréer et permet aux enfants de naître et de grandir dans un environnement stable. Avoir des enfants dans le célibat n’est pas chose aisée, ni pour la mère, ni pour l’enfant. En outre, une femme ne peut pas faire d’enfant toute seule, le célibat reporte ce projet à une date ultérieure, inconnue. Et en attendant, la femme prend de l’âge.
Hormis les facteurs repris ci-dessus, les femmes africaines célibataires sont constamment confrontées au regard réprobateur de leur entourage et aux critiques perpétuelles de leur famille. Passé un certain âge, les hommes s’intéressent plus à elles par plaisir, pour en faire des maîtresses ou des secondes épouses.
La peur du célibat est donc la peur de finir seule, sans enfants, et rejetée par son entourage.
Qu’est-ce qui rend difficiles les relations hommes et femmes au sein de la diaspora?
Comme je le disais dans un précédent article, tout le monde n’a pas les mêmes objectifs quand il immigre en Europe ou en Amérique. Beaucoup de relations sont dictées par le besoin et l’intérêt personnel. Pour certaines personnes, la survie prime sur l’épanouissement. Il devient dès lors difficile de trouver un conjoint ou une conjointe avec qui on peut réaliser des objectifs communs. Personne ne veut perdre son temps ou se faire arnaquer.
Cela dit, même quand on a à faire à des personnes intègres, tout le monde ne cherche pas à se marier pour les mêmes raisons. Certains hommes et femmes recherchent des partenaires pour concrétiser leur vision, tandis que d’autres veulent juste un alter ego pour fonder une famille.
Dans le même ordre d’idées, la précarité dans laquelle se trouve les personnes venues en aventure, peut les pousser à développer un instinct de manipulation afin de profiter le plus possible des autres pour pouvoir s’élever.
Le manque d’accord sur les rôles des hommes et des femmes au sein du couple. Exemple: beaucoup d’hommes se font entretenir par les femmes, et ne contribuent pas aux charges du ménage. Ou alors, ils exigent une contribution financière de 50/50 à leurs compagnes, et ne la soutiennent pas dans les tâches quotidiennes, qui peuvent s’avérer lourdes s’il y a plusieurs enfants à la maison.
Les femmes ne sont pas en reste non plus car elles assimilent parfois certains aspects de la culture d’accueil qui rend difficile la vie en commun. Elles utilisent de manière inappropriée les droits qui leur sont octroyés. Exemple: appeler la police et mettre son mari dehors après une dispute.
En bref, tout le monde se méfie de tout le monde. D’où la formule tristement populaire … “vaut mieux être seule que mal accompagnée”.
Que faire?
- Déjà il faudrait dédramatiser le célibat. C’est un statut qui ne reflète en rien les qualités intrinsèques de la personne.
- Apprendre aux femmes africaines à trouver d’autres voies d’épanouissement et à se définir autrement.
- Démystifier le mariage, qui n’est pas toujours synonyme de bonheur et de réussite.
- Apprendre à gérer la relation de couple pour limiter les risques d’échec.
- Savoir pourquoi on veut se marier avant de se mettre à la recherche d’un conjoint. Ce faisant, on a plus de chances de trouver la personne qui nous correspond.
- Redéfinir les attentes réciproques et les rôles respectifs dans le mariage en tenant compte du contexte d’immigration.
- Entamer son développement personnel pour devenir une personne meilleure.
- Cultiver assez d’amour pour soi-même pour s’accepter quelle que soit sa situation et le regard des autres.
- Se socialiser et s’entourer d’un cercle de personnes constructives.
- Faire des projets autres que le mariage et travailler à les réaliser. Ça augmentera votre estime de soi.
- Se mettre dans une relation uniquement si elle correspond à vos besoins et attentes.
Pour terminer, je dirais que le mariage est une bonne chose quand on se met avec la personne qui nous convient et à qui on convient. C’est un projet qui se concrétise à deux. Donc ça ne dépend pas que de vous. Si vous êtes célibataire, vous n’avez pas raté votre vie. Vous n’avez tout simplement pas encore rencontré une personne avec qui ce projet est possible.
Votre valeur en tant que personne ne dépend pas des circonstances extérieures ou de votre statut social. Le bonheur est par définition subjectif, donc pluriel.
Noire & Psy
Excellent article! J’adore!