Quelle que soit l’origine (noir, blanc, jaune ou rouge), nous vivons tous des événements susceptibles de mettre à mal notre bien-être à un moment donné ou à un autre. La seule différence se situe dans les modes d’expression, de réaction et de prise en charge. Ces derniers sont la plupart du temps culturellement codifiés. Chaque société ayant mis en place son propre système de régulation.
“La santé mentale est un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté. Dans ce sens positif, la santé mentale est le fondement du bien-être d’un individu et du bon fonctionnement d’une communauté.
La santé et le bien-être mentaux sont indispensables pour que l’être humain puisse, au niveau individuel et collectif, penser, ressentir, échanger avec les autres, gagner sa vie et profiter de l’existence.” (OMS)
Santé mentale et Psychologie
La santé mentale recouvre un champ vaste et multidisciplinaire. On y retrouve différentes professions dont les médecins généralistes, les travailleurs sociaux, les psychologues, les psychiatres, les éducateurs spécialisés, les psychothérapeutes, etc.
En ce qui concerne plus précisément la psychologie, c’est une discipline à part entière qui se définit comme l’étude du comportement humain. Elle a également plusieurs spécialisations, et en fonction de l’orientation choisie, les outils appris seront applicables à un contexte précis pour des objectifs particuliers.
Par exemple: la psychologie du travail, la psychologie de l’éducation, la psychologie de la santé, la psychologie culturelle et interculturelle, la neuropsychologie, le psychologie sociale, la psychologie clinique, etc.
Tous les psychologues ne sont pas formés pour travailler dans le domaine de la santé mentale. Certains travailleront dans des entreprises, d’autres comme conseillers d’orientation dans les écoles, ou encore dans les hôpitaux pour effectuer le suivi des malades chroniques ou des patients cérébro-lésés.
La maladie mentale c’est quoi ?
La notion de maladie mentale fait référence à une variété de troubles mentaux qui peuvent être diagnostiqués.
Les troubles mentaux sont des états de santé caractérisés par une altération de la pensée, de l’humeur ou du comportement accompagnée d’un dysfonctionnement ou d’une détresse.
Ils peuvent prendre plusieurs formes, dont les plus courantes:
- les troubles de l’humeur qui affectent la manière dont une personne se sent: la dépression, le trouble bipolaire
- les troubles anxieux (dont le PTSD), provoquant une peur intense et prolongée qui ne correspond pas à une menace ou un danger réel
- la schizophrénie, qui causent des pensées confuses, des délires ou des hallucinations
- la démence
- les troubles de la personnalité: les personnes atteintes de ce type de trouble ont des comportements malsains dans leur manière de penser, d’agir et de se comporter
- les troubles alimentaires qui ont un effet sur les comportements alimentaires et qui sont accompagnés de pensées négatives à propos de l’image corporelle, sa taille et son poids: anorexie, boulimie
La maladie mentale ne se résume donc pas à la folie comme on a l’habitude de le croire. Toutefois, on peut ne pas avoir de maladie mentale mais éprouver de la souffrance face à différents événements de la vie. A ce moment, on parlera de détresse psychologique et non de maladie mentale. Ce qui est le cas de la majorité d’entre nous.
Qu’est-ce qui peut causer de la souffrance et de la détresse ?
La santé mentale et le bien-être psychologique dépendent non seulement des ressources d’une personne mais aussi du contexte social dans lequel elle se trouve et de l’environnement dans lequel elle évolue.
- Facteurs liés à l’enfance: maltraitance, abus, négligence, violence
- Facteurs familiaux: monoparentalité, perte d’un être cher, divorces et séparations mal vécues, violence conjugale, abus sexuels, dysfonctionnements, parents psychologiquement instables ou malades, parents absents ou rejettants, conflits fréquents
- Les conditions de vie: précarité du logement ou de la situation administrative, besoins de base insatisfaits, pauvreté, insécurité, éloignement de la famille suite à l’immigration, isolement, perte de repères, choc culturel
- Les épreuves de la vie: licenciement, maladie grave, échecs scolaires, manque de soutien, harcèlement moral, racisme, discriminations, injustices, infertilité, célibat, agressions
- Les valeurs personnelles: sentiment d’échec, comparaison sociale
Symptômes possibles
- Comportement asocial, isolement
- Mauvaise estime de soi, manque de confiance, démotivation
- Variation de l’appétit, troubles de sommeil
- Manque d’intérêt envers des activités autrefois agréables.
- Expression de tristesse, de désespoir, d’impuissance, d’incapacité
- Fatigue extrême et troubles du sommeil.
- Abandon des activités sportives ou culturelles
- Pessimisme, paroles ou pensées suicidaires.
- Incapacité de se concentrer, ou de faire face à des problèmes minimes.
- Peur et méfiance exagérées.
- Hostilité inhabituelle ou Indifférence.
- Anxiété perpétuelle, peur irrationnelle
- Incapacité de pleurer ou pleurs continuels.
- Colère et agressivité permanentes
- Hyperactivité ou inactivité, ou passage de l’une à l’autre.
Conséquences courantes
- Relations difficiles avec les enfants, le conjoint/la conjointe, ou l’entourage
- Difficultés professionnelles ou scolaires (problèmes de concentration et peur de l’échec)
- Maladies psychosomatiques, stress chronique, hypertension, ulcère
- Absence de réseau social dû à l’isolement
- Répétition d’échecs due à l’absence de travail sur soi
- Peur d’oser et de construire des projets
- Peur de laisser tomber ce qui ne nous convient pas
- Mauvaise image de soi
Qui peut aider une personne qui souffre ?
Le support communautaire (amis, parents, famille, époux/épouse, enfants) est d’une grande importance pour les troubles sans gravité (dépression légère à modérée). Mais pour des troubles plus profonds, ou récurrents, il est conseillé de faire appel à un professionnel de la santé mentale pour venir en support à la famille et aux aidants proches. Outre le soin proprement dit, son rôle sera également d’informer et d’éduquer sur le problème, afin d’aider l’entourage à mieux suivre le patient une fois à domicile.
Cette démarche aidera également la personne malade à comprendre ce dont elle souffre et la fera participer à sa propre guérison.
La plupart des maladies mentales et des souffrances psychologiques se soignent ou se surmontent. L’aide peut se trouver partout en fonction des croyances personnelles et des compétences de ceux à qui on fait appel.
Pour certains, ce sera le pasteur ou le prêtre, pour d’autres la famille, les amis, ou alors le recours à des professionnels de la relation d’aide.
La famille remplace t-elle le Psy ou tout autre professionnel en santé mentale?
La famille n’est pas qualifiée pour traiter la maladie mentale, mais plutôt pour fournir un soutien immédiat et stimuler la résilience face aux épreuves de la vie. Ce qui fonctionne très bien pour les troubles légers dont la rémission est spontanée, mais pas pour ceux qui nécessitent une analyse et un suivi professionnel ou médical.
Le contexte influence fortement nos perceptions et émotions.
Les sociétés sont en profonde mutation et les liens sociaux ne sont plus ce qu’ils étaient auparavant. Les cadres de référence changent et les valeurs se perdent.
Nous observons de plus en plus de cas de dépression grave, de maladies psychosomatiques et de suicides dans les communautés noires.
Dans certains cas, la famille est la principale cause du stress ou du problème, ou alors elle peut aggraver notre état par ses réactions et réflexions. On ne peut donc pas recourir à elle pour obtenir du support. Il arrive même qu’ on s’en éloigne temporairement, pour se protéger.
Immigration, choc culturel et répercussions possibles
Ceux qui quittent leurs familles ne sont pas toujours préparés à ce qu’ils vont trouver de l’autre côté. Certains rebondiront plus facilement face à la difficulté tandis que d’autres sombreront dans la solitude et la dépression. Loin de la famille et de la culture qui nous a formaté, nous perdons nos facteurs de protection et devenons de ce fait vulnérables dans certaines situations.
Nous n’avons pas conscience de tous ces supports quand nous vivons chez nous. Ils font partie du mode de vie et nous trouvons cela normal. Toutefois, la rencontre avec une culture différente va nous informer sur qui nous sommes et sur notre différence. A ce moment, nous réalisons l’importance de la vie en communauté et de la présence des nôtres. Or, nous sommes désormais seuls, face à nous-mêmes.
Les parents qui envoient de jeunes enfants étudier à l’étranger négligent bien souvent cet aspect des choses. Comment ces jeunes vont-ils réagir quand ils devront affronter les épreuves liées à l’immigration? surtout si c’est papa ou maman qui a toujours résolu les problèmes? Comment vont-ils faire de bons choix si on ne leur a pas appris à choisir par eux-mêmes ? Comment iront-ils vers les autres s’ils ont toujours vécu cloîtrés à l’intérieur de la maison?
L’immigration se prépare, et pas seulement au niveau financier, matériel et logistique. Ce n’est pas par hasard que la “folie”, la dépression et le suicide commencent à faire parler d’eux.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, toute personne ayant peu de ressources sur place (personnelles, amicales, familiales, sociales), aura du mal à s’adapter aux différents changements et défis à venir.
Bon à savoir
Ce n’est pas parce que vous n’avez jamais eu besoin d’un Psychologue que vous n’en aurez jamais besoin. Il y’a une bonne raison pour laquelle vous pouvez penser ainsi: le Psy n’est pas le professionnel de référence en Afrique. Ce qui explique pourquoi la discipline est peu connue et peu pratiquée dans nos pays. (A ne pas confondre avec le Psychiatre).
Rares sont donc les personnes qui ont déjà eu l’occasion d’en voir un, d’être suivis sur une durée conséquente, et d’en avoir tiré des bénéfices concrets.
Toutefois, votre contexte peut évoluer et vous avec. Les personnes sur qui vous comptiez peuvent disparaître ou ne plus être disponibles. Tellement de choses peuvent arriver au cours d’une vie.
Même sans consulter (ce n’est pas le seul moyen), vous pouvez améliorer votre santé mentale en lisant beaucoup sur le sujet. Le premier pas vers le bien-être c’est d’abord l’information.
La famille ne peut pas toujours aider. Et dans l’hypothèse où elle est présente, elle ne peut donner que ce qu’elle a.
Et comme je l’ai expliqué plus haut, traverser des moments difficiles ne veut pas dire que vous êtes atteints de maladie mentale. Ça fait tout simplement partie de notre condition d’humain.
Ne vivez plus sous influence des stéréotypes et des préjugés. Tout comme la spiritualité, la religion, ou la philosophie, la psychologie propose des moyens de support, de guérison et d’évolution.
Noire & Psy
Vraiment merci beaucoup, car je beaucoup appris sur le maladie mentaux, je suis étudiant en L1lmd faculté de psychologie