Les enfants ne sont pas souvent écoutés en Afrique.
Je me souviens quand j’étais petite, on nous disait souvent que les grandes personnes ne mentent pas. Qu’on n’a pas le droit de leur répondre ou de les contredire parce qu’elles ont toujours raison et surtout par RESPECT.
Beaucoup d’enfants avaient peur des adultes et n’osaient pas les affronter, surtout quand ils étaient abusés et maltraités par ces derniers. La peur étant plus forte que la douleur. Beaucoup d’enfants ont enduré des horreurs au sein de leurs familles sans avoir le courage de crier au secours ou de demander à l’aide.
Ceux qui ont essayé se voyaient rabroués ou traités de menteurs.
On leur disait: « tais-toi! » , et dans le pire des cas ils se voyaient frappés ou punis parce que tel tonton ou telle tata les avait accusés d’un larcin ou d’un comportement imaginaire.
Les parents ne prenaient pas la peine de demander à un enfant si ce dont on l’accusait était vrai. Non! Les adultes avaient toujours raison. Et les enfants, on ne les écoutait pas.
Que ce soit un principe régulateur des relations intergénérationnelles, je le comprends tout à fait. Mais de mon point de vue, tous les principes éducatifs ne sont pas d’emblée bons pour le développement du gosse.
Plus tard…
Au vu des multiples traumatismes dont beaucoup d’entre nous souffrent encore à l’âge adulte, on comprendra aisément que ce climat de MUTISME FORCÉ ait contribué à générer et à entretenir des actes abusifs.
La réaction d’un parent qui découvre 20 ou 30 ans plus tard que sa soeur a maltraité son fils, que son neveu a violé ses filles, ou encore que ses propres parents ont humilié ses enfants sera probablement du style : » pourquoi tu ne m’as rien dit avant »?
Ce que le parent oublie, c’est que le contexte à l’époque ne le permettait peut-être pas. Comment aurait-il réagi si son fils ou sa fille de 7 ans avait essayé de lui en parler ?
L’aurait-il écouté ? L’aurait-il cru?
Il existe des familles où les relations parents-enfants sont tellement empreintes de distance et de crainte que la communication franche est exclue.
L’enfant a tellement peur de ses parents qu’il croît même à tort que tout ce qui lui arrive est de sa faute (abus). Qu’il se fera battre ou gronder s’il en parle.
Voilà donc la force des abuseurs. Ils comptent sur cette croyance pour commettre leurs forfaits dans le plus grand des silences.
Les erreurs…
Nos parents ont fait beaucoup d’erreurs. Notamment celle d’envoyer leurs enfants chez leurs frères, amis et soeurs en croyant qu’on les y traitera bien.
Ils ont également omis d’accorder de la place à la parole des touts petits enfants. Un peu comme si un enfant ne pouvait qu’ affabuler. Il n’était pas écouté. Ils ont aussi véhiculé l’idée selon laquelle la parole de l’adulte était forcément parole d’évangile. Ce dernier ne pouvait pas mentir.
Or, combien se sont fait punir ou frapper uniquement parce qu’un oncle ou une tante mal intentionné(e) les avait injustement accusés?
La détresse de l’enfant !
L’enfant a souvent connu une certaine solitude. Celle de ne pas savoir nommer ce qui lui arrive, celle de ne pas savoir l’expliquer, et celle de ne pas pouvoir le DIRE.
J’entends souvent des parents avoir des commentaires similaires: »c’est bizarre, il n’était pas comme ça avant. Un beau jour il est devenu renfermé ou alors rebelle. Personne n’a rien compris. «
La véritable question est la suivante: que s’est-il passé dans sa vie avant qu’il ne change ?
Les parents ont-ils suffisamment prêté attention à l’évolution et au quotidien de l’enfant qu’il était ? Si oui, quels événements seraient susceptibles d’expliquer son comportement ?
Les parents sont les premiers psychologues des enfants.
Plusieurs recherches sur les troubles de santé mentale et de la personnalité démontrent que la majorité des traumatismes chez l’adulte trouve leur origine dans l’enfance.
Être présents ne suffit pas, il faut créer un lien avec ses enfants et ensuite l’entretenir continuellement. Ils voient et entendent tout. Faites leur un cadeau: écoutez-les quand ils vous parlent et favorisez un climat de confiance et de confidences. Ne les frustrez pas avec des principes éducatifs rigides et inadaptés qui bloquent la communication.
Et autant que faire se peut, gardez vos enfants près de vous. Personne ne les aimera plus que vous. Un enfant, c’est déjà un être à part entière. Un bon parent c’est aussi celui qui est capable de se remettre en question.
Merci pour vos exposés. Je suis ravie. L’éducation des enfants en Afrique et ses failles.
Cependant, l’une de vos phrases m’a remise en question <> Certaines familles (couples) ont la chance d’avoir des enfants, d’autres familles (couples) ont cherché en vain. Alors que ces couples c’est-a- dire celles qui ont des enfants et celles qui n’ont pas sont frères ou sœurs de même sang. Si celles qui ont des enfants refusent. vous voyez le dilemmes que cela peut poser dans la grande famille en Afrique ? Merci !