La blessure d’abandon ou sentiment d’abandon est une névrose par laquelle le patient a impression d’un rejet de sa personne par son entourage familial, professionnel, social ou amical.
Tout au cours de notre développement, nos parents, nos partenaires ou toute autre personne à laquelle nous étions attachés nous ont blessé sans le vouloir.
La plupart du temps, on a été victime de blessure d’abandon par nos prants parcequ’ils ont été eux-mêmes blessés et exprimaient leurs souffrances profondes au travers de leurs comportements. Etant atteints à notre tour, nous impactons nos relations présentes de la même manière que nous avons été impactés par eux.
C’est ainsi que vont se construire et se transmettre des chaînes de souffrance entre nous, nos enfants et nos partenaires.
Ces blessures d’abandon émotionnelles comme on les appelle, vont finir par conditionner nos choix, orienter notre comportement et déterminer notre schéma affectif. Autrement dit, la manière dont nous entrons en relation avec les autres, la manière dont nous aimons, et la manière dont nous voulons être aimés sont fortement liées à nos souffrances antérieures.
Nos relations sont donc le reflet de nos blessures d’abandon et de nos peurs, car une personne blessée fera absolument tout pour éviter de revivre ce qu’elle a déjà vécu. Par conséquent, notre personnalité va évoluer en fonction de nos mécanismes de défense et nous couper de notre vrai soi à cause de la blessure d’abandon .
Nous allons afficher ce qu’on appelle un FAUX SELF.
Pour Donald Winnicott (pédiatre, psychiatre et psychanalyste), l’enfant qui est contraint de se soumettre aux exigences de l’extérieur, va perdre de sa spontanéité et de son authenticité. Il en résultera alors une distinction entre un “vrai self”, qui est l’état dans lequel l’individu a suffisamment confiance en lui et en l’environnement pour s’accepter lui-même, et accepter de le montrer ET un “faux-self”, qui se construit prioritairement comme adaptation à l’environnement.
Le “vrai self” (ce que je suis) demeure authentique tandis que le “faux self” (ce qu’on veut que je sois) donne priorité à l’apparence. Il se distingue par ses attitudes toujours polies dans son rapport aux autres et se conforme à ce qui est attendu de lui. C’est le visage que nous montrons en général aux personnes qui nous entourent (famille, amis, environnement social et professionnel). Il occupe toujours la première place et finit par être perçu comme une partie essentielle de notre personnalité en qu’on soit victime de blessure d’abandon ou pas.
Toutefois, comme le précise Winnicott, ce qui compte, est le rapport entre les deux self. Rapport qui demeure vivace et évolutif tout au long de la vie.
Quand nous avons encore des blessures d’abandon non guéries en nous, nous affichons donc une personnalité qui n’est pas véritablement la nôtre. Nos peurs et nos souffrances recouvrent notre véritable essence. Nous fonctionnons par rapport à nos expériences malheureuses et par rapport à notre passé.
Notre blessure d’abandon nous amèneront toujours vers des personnes qui vont la réveiller tant que nous ne les guérissons pas.
Qu’est-ce qu’une blessure d’abandon?
La blessure d’abandon est une souffrance psychologique causée par un sentiment d’insécurité permanente lié à une peur irrationnelle d’être quitté par son partenaire.
Symptômes
- Hyperexigeance envers le partenaire
- Insatisfaction permanente dans la relation
- Besoin qu’on lui répète constamment qu’on l’aime
- Attentes démesurées
- Anxiété, dépression, agressivité
- Soupçons de trahison ou d’infidélités
- Dévalorisation de soi (je ne suis pas digne d’être aimé)
- Manque de confiance en soi et d’estime de soi
- Argumentation permanente sur le fait que le/la partenaire mérite mieux que soi
- Repli sur soi et fuite en cas de challenge
- Besoin de contrôle
Qu’est-ce qui peut causer une blessure d’abandon?
1- Des parents absents (physiquement ou émotionnellement), des parents inconnus, indisponibles ou trop occupés. On ne peut pas compter sur eux car ils ont d’autres priorités ou ils ne sont pas là. Cette blessure sera d’autant plus importante que le lien sera inexistant, impossible, conflictuel ou rompu avec ces derniers.
Plusieurs cas de figure peuvent se présenter avec les parents:
- ils sont présents mais ne nous accordent pas d’attention
- ils sont partis de la maison (séparation, divorces)
- ils voyagent beaucoup et on les voit peu
- ils sont décédés
- on ne les a jamais connus
Nous ne sommes pas rassurés sur leur PERMANENCE dans notre vie et cette peur de l’abandon va se projeter sur nos partenaires amoureux.
2- Les échecs relationnels, les séparations.
Nos partenaires peuvent également nous quitter pour une raison ou pour une autre et par ce fait, réveiller et aggraver cette blessure en nous.
Comment pense une personne qui souffre de la blessure de l’abandon?
- Une personne m’aime SI elle se préoccupe principalement de moi
- La personne qui m’aime DOIT toujours être présente à mes côtés, être disponible et m’accompagner dans tout ce que je fais
- Si je suis seul, je ne m’en sortirais pas, j’ai BESOIN de “béquilles”, d’une personne sur qui je peux m’appuyer et compter
- J’ai besoin des autres (ceux que j’aime et à qui je suis attaché) pour exister, s’ils ne sont pas là je panique
La blessure de l’abandon dans la relation amoureuse
- Peur de perdre l’autre
- Besoin de contrôler les mouvements du partenaire
- Confusion entre départ et abandon (si le conjoint se déplace, peur qu’il ne revienne pas ou qu’il s’intéresse à d’autres personnes)
- Confusion entre silence et rupture (si le conjoint ne donne pas de nouvelles ou tarde à répondre on se sent inintéressant et “non important” pour lui)
- Confusion entre disputes, désaccords et séparation (si on se dispute avec le conjoint, on angoisse sur sa réaction et on a peur qu’il ou elle nous quitte)
Les reproches et remarques récurrentes
- Je ne peux pas compter sur toi
- Tu vas me quitter quand tu vas mieux me connaître
- Je ne me sens pas en sécurité, tu ne me rassures pas
- C’est trop compliqué, c’est peut-être mieux qu’on laisse tomber
- Peut-être que tu as d’autres priorités
- Je ne pense pas que je te mérite, tu peux trouver mieux que moi
- Tu vas me faire souffrir
- Tu es trop sollicité, trop entouré
De quoi a besoin une personne qui souffre de la blessure d’abandon ?
- D’entrer en contact avec ses véritables émotions
- De vivre et d’exprimer sa colère vis à vis de ses expériences d’abandon
- D’accepter le fait d’avoir vécu un abandon et Reconnaître son droit d’en souffrir
Quelles leçons en tirer?
La blessure d’abandon va avec son corollaire qui est la peur de l’abandon.
Cette peur, si elle est trop forte, peut empêcher une relation de se construire ou encore la saboter. A force de démontrer à l’autre qu’on l’a choisi et qu’il/elle a sa place auprès de nous, on peut finir par se fatiguer et laisser la relation évoluer dans le sens d’une séparation.
Malgré notre bonne volonté, on ne pourra jamais guérir notre partenaire à sa place. C’est à lui de prendre conscience de son problème et de travailler à le résoudre.
Si vous vous reconnaissez dans cette blessure, sachez qu’une personne qui vous aime a aussi ses propres besoins qu’il/elle doit combler en dehors de la relation.
Aucun couple ne survit en autarcie. Ce n’est pas parce que votre conjoint a d’autres centres d’intérêts ou une vie sociale bien remplie qu’il ne vous aime pas. Le bonheur est un ensemble de plusieurs choses mises en commun. Et vous êtes un des éléments de ce bonheur. Vous avez donc votre place. Ne cherchez pas l’exclusivité que vous n’aurez jamais car ça n’existe tout simplement pas.
Tout le monde a besoin d’air et d’espace personnel pour se ressourcer afin de rester épanoui. C’est ce qui enrichit une relation et permet de la maintenir sur le long terme.
Apprenez à compter d’abord sur VOUS, vous n’avez pas besoin d’être materné ou paterné.
Un adulte a en lui toutes les ressources nécessaires pour se prendre en charge émotionnellement.
Délivrez votre véritable MOI, et donnez de la place à votre VRAI SELF.
A Découvrir
Noire & Psy
Ces recommandations sont tellement pertinentes. La peur de se faire abandonner pousse effectivement a un manque de confiance en soi, à la peur excessive de perdre l’autre…et surtout a un mal être constant qui nous brûle a petit feu. Mais le fait de ne pas pouvoir aborder ses soucis émotionnels dus à l’absence des parents pour une raison ou une autre, surtout en Afrique, n’aide pas à surmonter cette peur constante, quoi qu’on soit adulte et conscient du problème. C’est un véritable problème qui persiste dans nos sociétés et qui détruit la vie de beaucoup de gens, surtout ceux qui n’ont pas à des spécialistes pour les aider.